(coopératives agricoles) et nos kibboutsÿm (villages communautaires). Très justement ils y voient des créations uniques, une forme de vie dénuée de contrainte, un état d'égalité volontaire rarement réalisé ailleurs. D'autres sont inquiets parce qu'ils y décèlent un assujettissement du socialisme au nationalisme. Jusqu'en 1966, le nom officiel de la grande centrale syndicale Hisladrouth était "Fédération générale des Travailleurs hébreux en Eretz-Israël ", définition nationale et religieuse plutôt que territoriale. (Quand on renonça au mot " hébreu " ce fut Ben Gourion qui protesta le plus énergiquement.) Très longtemps YHiHadrouth n'admit pas de membres arabes. Les deux aspeéts du mouvement socialiste, le religieux et le nationaliste étaient indissolubles.
La question du " travail hébreu " eSt aussi à mon avis l'une des causes principales de la situation aétuelle dans le Moyen-Orient. Il n'eSt pas exagéré de dire que les luttes qu'a suscitées le " travail hébreu " sont à l'origine de la guerre israélo-arabe.
Ces luttes ont eu des mobiles idéalistes. Au début le socialisme sioniste ne se contentait pas d'envoyer des Juifs en Israël ni de créer pour eux un Home national juif. La" libération " pour avoir tin sens véritable, devait aussi libérer les Juifs de leur méprisable existence de boutiquiers, de revendeurs et de prêteurs sur gages - situation parasitaire décrite dans certains livres scolaires sionistes d'une manière qui rappelle curieusement la littérature antisémite. Non, il fallait que ces Juifs deviennent des ouvriers, les professeurs des fermiers, les tailleurs des menuisiers, les marchands des mécaniciens et les boutiquiers des officiers. C'était le " renversement de la pyramide sociale " destiné à fournir à la société juive en Eretz-Israël une large base de travailleurs et d'agriculteurs. La religion du travail et la croyance selon laquelle il y a quelque chose de purificateur dans le travail manuel devaient devenir les buts fondamentaux du socialisme sioniste. C'était une belle idée révolutionnaire. Sans elle il n'y aurait pas aujourd'hui d'Israël ni même certainement de kibboutzim. Cette révolution rendit le travail respectable et suscita un esprit technologique - sans cette révolution, pas un seul pays sous-développé du Moyen-Orient ou d'ailleurs n'a de chance de rattraper la société moderne industrielle.
Pourtant cette même idée créa un besoin d'emploi autant que de terre. Le " travail hébreu " signifiait nécessairement pas de tra¬