vail arabe. Le " rachat par la terre " finissait par devenir le "rachat de la terre
Quand un propriétaire de plantation employait des Arabes, il était considéré comme un traître à la cause, un méprisable réactionnaire qui non seulement privait un travailleur juif d'emploi mais, chose plus grave, privait le pays d'un travailleur juif. Des piquets de grève entouraient son terrain et les Arabes en étaient expulsés par la force. Si c'était nécessaire, on n'hésitait pas à aller jusqu'à l'effusion de sang. Cette bataille du travail hébreu dura deux générations, avec des rechutes qui de temps en temps continuent à troubler la situation aéhielle en Israël. Récemment encore quelques bombes ont été lancées sur le quartier yéménite de Tel-Aviv, pour intimider les propriétaires de restaurants et les boulangers et les forcer à congédier leurs employés arabes.
Les luttes pour le rachat de la terre ne furent pas moins violentes. La terre était rachetée souvent à des prix exorbitants grâce à l'argent péniblement gagné par des Juifs pauvres de la Diaspora. Dans la plupart des cas, celui qui vendait sa terre était un riche effendi menant la grande vie dans les casinos de la côte d'Azur et de Beyrouth. Il se préoccupait fort peu du sort des misérables fellahin (paysans) qui travaillaient cette terre pour en retirer une maigre pitance. Chaque fois que le Fonds national juif achetait une terre pour créer un kibboutz, ces paysans étaient tout simplement chassés. Lorsque plus tard, certains d'entre eux attaquèrent les kibboutzim, on n'y vit qu'un remède: la nécessité de mettre sur pied un système efficace de défense armée. Ainsi 1 'Hiftadrouth contribua-t-elle à la création de la Haganah, armée clandestine sortie des kibboutzim et qui fut le premier embryon de l'armée israélienne aétuelle.
Plus que la politique israélienne, le " travail hébreu " a creusé un abîme entre deux peuples vivant dans la Palestine turque et anglaise. Les rapports sociaux entre eux devinrent inexistants, les liens économiques se firent rares et peu importants.
Bien avant que l'O.N.U. ne décrète le partage de la Palestine, c'était déjà un état de fait. Jaffa et Tel-Aviv qui ne sont que deux parties d'une même ville, appartenaient à deux mondes différents, comme séparés par une ligne invisible, rarement franchie, même en période de paix relative, jusqu'à ce que Jaffa fut conquise en 1948.
Cette scission était-elle inévitable? Le sionisme n'aurait-il pas