pu dès ses débuts créer une économie palestinienne qui aurait fourni du travail aussi bien aux Arabes qu'aux Juifs? La terre n'aurait-elle pas pu être exploitée par des fermiers aussi bien arabes que Juifs? Les kibboutzim, aussi incroyable que cela puisse paraître, n'auraient-ils pas pu admettre de membres arabes? En somme le sionisme n'aurait-il pas pu être international, palestinien, sémitique? Toutes ces questions ont été parfois soulevées par des personnalités isolées. Déjà en 1911, le docteur Arthur Rupin, l'un des leaders sionistes les plus intelligents et ouverts, organisateur de colonies juives, avait lancé dans une lettre un avertissement contre " l'exclusivisme du travail hébreu Dans une autre lettre en 1914, il proposait qu'une partie de la terre fût mise à la disposition d'exploitants arabes. Mais de telles idées ne rencontraient aucun écho. Le sentiment qui dominait a été exprimé par un des anciens chefs du sionisme, le redoutable Menachem Ussishkin, le même qui combattit Herzl sur sa proposition de l'Ouganda. En 1905, dans une brochure intitulée Notre programme il déclarait: " Tout Eref-Israèl, ou du moins sa plus grande partie, sera la propriété des Juifs. " Parlant du phénomène de l'emploi des Arabes dans l'économie juive, il écrivait: " cette plaie douloureuse ".
Tout au long de la première moitié de ce siècle, le travail hébreu, la terre hébreue, la défense hébreue ont été les thèmes principaux du socialisme sioniste. A cause de cela l'aile gauche et socialiste du sionime devint encore plus nationaliste que sa droite bourgeoise car elle représentait une classe moyenne marquée par la longue affaire de l'emploi des Arabes dans les plantations d'orangers. Ce fut je crois le facteur décisif qui a permis au parti ouvrier, le Mapaï, d'occuper une position prédominante dans le mouvement sioniste, position qu'il devait conserver jusqu'aux années trente. Mais bien avant, les précurseurs de ce parti avait donné le ton dans la Palestine uive. Il représentait le sionisme agissant. Et personne ne peut mieux représenter cette tendance que David Ben Gourion.
Comme politicien Ben Gourion dispose d'un flair extraordinaire qui lui permet à tout moment de saisir où souffle le vent dans la Yishuv juive. Ben Gourion s'eSt toujours trouvé là où était lepou-