était toujours désireux de rencontrer son vieil ami, Yéroucham Cohen.
A la lumière de tout cela, je crois pouvoir affirmer qu'au départ Abdel Nasser n'avait pas de sentiments spécifiquement antiisraéliens. Venu au pouvoir sans s'y être vraiment préparé, il était en position de faire une politique sans aucun plan préalable. Il semblait prêt alors à s'orienter dans le sens que l'occasion lui offrirait ou que les circonstances lui diêieraient - sans jamais interrompre ses habituelles attaques verbales contre Israël. Il eSt vraiment regrettable qu'aucun effort précis n'ait été tenté à l'époque pour vérifier si un arrangement avec lui n'était pas possible. Mais les chefs israéliens étaient persuadés que le nationalisme arabe n'était et ne pouvait être qu'une menace pour Israël: la possibilité d'une entente avec le jeune leader leur parut ridicule.
Pour l'observateur non initié, la situation était encore favorable, le 23 juin 1953, lorsque les officiers israéliens et égyptiens signèrent un engagement d'après lequel chacune des deux parties laisserait repartir sans dommage tout navire qui se serait approché par inadvertance de ses côtes. Le 3 septembre, un bateau grec, le
S. S. Parnoti, se rendant à Haifa avec une cargaison d'asphalte, ne fut retenu que quelques jours à Port-Saïd. Les Israéliens jugèrent le geSte d'une grande importance puisqu'il laissait espérer qu'à l'avenir le transit des bateaux entre Haïfa et Elath serait possible. Autre signe d'encouragement: au cours de la semaine des fêtes juives, entre la Nouvelle Année et le Grand Pardon, le général Naguib se rendit à la synagogue du Caire pour présenter à la communauté israélite les vœux de son gouvernement.
Mais ces indications restaient superficielles. Sous cette apparence de calme, la tension montait. Le 17 septembre, Londres annonçait qu'on était à la veille d'un accord sur l'évacuation du canal de Suez. Trois jours plus tard, Abba Eban, ambassadeur israélien à Washington faisait part à M. Dulles de l'inquiétude que causait en Israël l'hypothèse d'une livraison d'armes américaines à l'Égypte. Au début de l'année, John FoSter Dulles s'était rendu en Israël et en Égypte, où il avait remis au général Naguib un pistolet sertifde