vitrine de New York ou imprimé sur la couverture d'un magazine de Berlin-OueSt. Le bandeau était devenu un signe diStinétif, au même titre que la crinière blanche de Ben Gourion ou la barbe de Fidel Castro. Dayan aurait pu en être fier comme d'une preuve des services rendu à la nation mais ce n'eSt pas le cas.
C'eSt en 1941 qu'il a reçu cette blessure. Il était alors officier de liaison auprès des forces australiennes qui pénétraient au Liban pour chasser le régime de Vichy avec l'aide des Anglais et des forces de la France libre. Dayan et d'autres membres de la Haganah était aux premières lignes avec cette unité australienne. Ils tenaient les ponts et les avant-poStes tout le long du chemin. Après s'être emparé d'un poSte de police, Dayan était monté sur le toit et observait, à la jumelle, avec sa nonchalance coutumière, l'ennemi qui était poSté sur un autre toit, non loin de là. Un franc-tireur français visa les jumelles qui éclatèrent et des débris de verre vinrent se loger dans l'œil gauche. Un camarade qui tentait de les extirper ne réussit qu'à aggraver les choses et la blessure empira. Pas un seul instant, Dayan n'avait perdu conscience.
Des années durant, Dayan consulta les spécialistes les plus célèbres; ils essayèrent en vain de fixer un œil artificiel. L'orbite, très endommagé ne se prête pas à la pose d'une prothèse. Dayan souffre énormément de cette blessure. Lorsqu'il porte son bandeau, l'air chaud comprimé irrite la blessure et la rend douloureuse. Comme il ne le porte ni au bureau ni à la maison, il souffre de la réaétion inStinéfive des visiteurs qui le surprennent sans bandeau.
Ainsi ce bandeau même eSt-il une source de conflit pour Dayan. Il tire avantage sans hésiter de cette excellente publicité personnelle. Et pourtant, il attend impatiemment le moment où il pourra s'en débarrasser et a horreur de tout ce qui le force à l'utiliser: meetings, conférences, interviews. Le jour où un magazine imprima en couverture un portrait mettant en relief son profil gauche, Dayan le prit très mal. Il n'y a cependant pas un seul homme politique dans le pays qui ne lui envie ce bandeau.
Ce n'eSt pas le seul paradoxe physique de Dayan. En Israël il eàt le symbole même de la jeunesse. Les gens sont Stupéfaits d'apprendre qu'il eSt grand-père et qu'il a cinquante-quatre ans. Son visage rond et malicieux n'a pas l'air d'appartenir à ce corps un peu massif de fermier d'âge mûr, au pas pesant. Au cours des der-