à clef avant de sortir). Seule la fille aînée de Dayan tentait de maintenir un lien entre les différents membres de la famille.
Les admirateurs fervents de Dayan voient dans cette absence de vie de famille la marque de sa supériorité. Sa fille dit de lui: " Il se met totalement au service de la nation. Il n'eSt pas un père modèle, mais il a réussi à nous faire admettre que ceci n'eSt qu'un prix à payer pour le service du pays. " Telle eSt l'image du héros: " Un homme qui méprise les petites choses, ne fume pas, ne boit pas, s'habille n'importe comment, ignore la bonne chère, sacrifie sa vie au bien commun et dit un jour à sa fille: Si c'était à refaire, je n'aurais jamais de famille. "
Un psychologue expliquerait peut-être autrement ce comportement: " Un éternel adolescent, trop attaché à sa mère, qui coupe le contact entre lui et les autres et refoule toutes ses émotions, incapable de mener une vie de famille ordinaire. En fait tous ses contacts avec les autres, hommes ou femmes, ne sont que rencontres à la sauvette, un bref instant de besoin de contaCt humain, suivi d'une fuite immédiate. "
Il y a en Israël, comme dans tous les pays, beaucoup de gens qui aspirent au pouvoir politique. Les jeunes politiciens se distinguent par leur hâte à vouloir atteindre le sommet. Une demi-douzaine d'hommes jeunes et doués - l'ex-général Yigall Allon, l'ex-chef d'état-major Yigael Yadin, le protégé de Ben Gourion, Shimon Perès, le ministre des Affaires étrangères, Abba Eban, parmi d'autres - aimeraient devenir Premier ministre. Mais aucun d'eux n'a fait de cette ambition le centre de sa vie comme Moshé Dayan. C'eSt là que réside sa grande force: personne ne peut devenir le chef suprême sans être prêt à sacrifier tous ses autres intérêts à ce but unique. Un homme aux multiples curiosités intellectuelles peut difficilement battre en brèche celui qui s'eSt attaché uniquement à obtenir le pouvoir.
Le premier homme à avoir pris conscience de cette force de Dayan eSt son vieux mentor, le général Yitzhak Sadeh, le célèbre commandant du l?almach (commando d'élite de la Haganah) à qui l'on doit la formation des plus remarquables commandos de l'armée