et même la naissance des enfants devaient être soumis à l'autorité de décisions communes. Depuis cette attitude orthodoxe a été revisée). Quand Moshé, le fils de Shmuel et Devorah Kitaigrosky naquit, en 1915, la tension entre le kibboutz et les voisins arabes était grande. On le nomma Moshé en souvenir d'un voisin, Moshé Barsky, membre de la commune, qui avait été tué par des Arabes alors qu'il se rendait à un village éloigné porter des médicaments à son père.

Lorsque Moshé eut l'âge de cinq ans, ses parents quittèrent Degania pour Nahalal car ils préféraient un moshav à un kibboutz. Dans un kibboutz, tout appartient à la communauté, les enfants vivent dans la garderie; dans le moshav, la vie de famille eSt préservée. Bien que le moshav soit une coopérative agricole, chaque famille dispose d'une maison et d'un jardinet individuels.

On raconte qu'un jeune membre de kibboutz, interrogé sur sa manière de voir le problème arabe, répondit: " A travers le viseur de mon fusil. " C'eSt ainsi que le jeune Dayan, vivant entre Haïfa et Jérusalem, a dû le voir. Les relations de voisinage avec les Arabes étaient inexistantes. Les troubles étaient fréquents. Ils avaient pour point de départ les problèmes d'emploi ou de terre. Les bergers arabes, paissaient leurs troupeaux sur les champs qui avaient coûté beaucoup de peine aux colons. Depuis Caïn et Abel, des disputes similaires ont toujours fait couler le sang. Mais lorsque les bergers étaient arabes, et que les fermiers étaient juifs, ces querelles s'avivaient d'une touche d'orgueil national. Les colons n'étaient pas seulement exaspérés par les dégâts que commettaient les chèvres. Ils pensaient également qu'en restant passifs, ils perdraient le respeêt des Arabes, ce qui élargirait la brèche dans leurs relations. Aussi les jeunes, armés de nabouts (gourdins), semblables à ceux qu'utilisaient les bergers arabes, chassaient-ils le bétail hors de leurs propriétés. A cette époque, la technique de la bataille au nabout, appelée kapak, faisait partie de l'entraînement de base du jeune Hébreu.

Quand je connus Nahalal en 1933, Dayan avait dix-huit ans. Le village n'avait qu'une seule issue. Les maisons carrées des soixante-quinze familles, toutes pareilles, formaient un cercle parfait. La route, en hiver, n'était qu'un ruisseau de boue: on en avait jusqu'aux genoux. Au centre de ce cercle, il y avait le bâti-

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