Si tout ceci paraît obscur au leCteur français, qu'il se dise que l'auditeur hébreu n'eSt pas plus avancé que lui. Ces six points auraient pu tout aussi bien signifier l'annexion sans ambages, de tous les territoires conquis. La phrase " notre patrie historique " eSt associée en hébreu au concept de 1' " Eretz-Israël " historique et inclut les deux rives du Jourdain. L'insiStance sur le caractère juif de l'État pourrait tout aussi bien signifier le refus de la citoyenneté aux Arabes. D'autre part, certains points, lus différemment, pourraient tendre à la création d'un État palestinien, fédéré avec Israël ou tout au moins d'une " entité arabe palestinienne " autonome qui préserverait le caraétère juif et la sécurité d'Israël et permettrait de nouer un lien entre Israël et le reste de la Palestine. Cela pourrait aussi signifier la restitution de la rive gauche au roi Hussein, avec quelques rectifications de frontières.
Quelle eSt la meilleure interprétation du texte? Nul ne le sait et peut-être Dayan lui-même ne le sait-il pas.
Plusieurs auditeurs crurent comprendre que Dayan voulait réellement créer une sorte de canton arabe sous la souveraineté israélienne, sur la rive oueSt du Jourdain et conserver ainsi à Israël son caraCtère juif - en ouvrant un nouveau territoire à la colonisation. D'autres entendirent un discours dans le Style " vieux combattant des Arabes ".
Quelques jours auparavant, un membre important du parti Rafi, l'écrivain Yishar Smilansky, avait durement attaqué les poètes israéliens qui réclament l'annexion, les partisans d'" Eretz-Israël " dans sa totalité. Dans son discours Dayan désavoua fermement les propos de Smilansky et justifia les arguments des avocats du " Grand Israël ".
Dans un passage révélateur, il déclare: " J'ai été moi-même élevé dans la théorie " dunam après dunam, chèvre après chèvre " et non dans celle du " Par le feu et le sang la Judée eSt tombée, par le feu et le sang elle ressuscitera ". Mais c'eSt un fait que depuis 1936, tout ce que nous avons réalisé, a dû être protégé par les armes. "
Comme nous l'avons déjà vu " dunam après dunam " était le slogan du parti socialiste sioniste, le sionisme " pratique " auquel la famille de Dayan appartenait tandis que le chant " Par le feu et par le sang... " était celui des extrémistes révisionnistes et de l'Ir-goun. 1936 était l'année de la rébellion arabe. En justifiant rétros-