travail bureaucratique, il ne reSte finalement que trois ou quatre fonctionnaires pour s'occuper de ce qui reSte pourtant le problème majeur d'Israël...

Le budget 1967-1968 a dépassé 5 milliards de livres israéliennes. Moins de 0,05 % de cette somme - soit moins de 3 % des dépenses des Affaires étrangères - sont consacrés aux Affaires du Moyen Orient. Et encore, cette somme inclut les activités israéliennes en Iran et les frais de bureau.

Après tout ce qui s'eSt passé, un tel mépris des affaires israélo-arabes serait impensable, n'était l'image que les sionistes se font d'un Israël orienté de préférence vers le judaïsme occidental et l'Occident en général. De tous les héritages légués par le sionisme à l'État d'Israël, c'eSt peut-être le plus dangereux.

La nouvelle génération a forcément une vue très différente de sa place dans le monde. Elle a grandi en Palestine. Elle sait qu'elle appartient à une nouvelle nation née en Palestine. Elle ne regarde plus le Moyen-Orient de l'extérieur, mais du dedans. En fait, elle a supprimé ce terme européen de Moyen-Orient de son vocabulaire hébreu: Moyen-Orient suppose que le centre du monde se trouve quelque part à l'OueSt. Quand un Israélien veut désigner l'Algérie ou même l'Égypte, qui se trouvent à l'OueSt, il eSt ridicule de parler de Moyen-Orient. Quand nous avons commencé à parler de nation hébreue au lieu de nation juive, nous avons aussi parlé de région sémitique, ou simplement de la région (.Ha-Merkbav).

Appartenir à la région implique de traiter le problème central de notre existence - celui posé par les Arabes - par des moyens militaires ou politiques, par la guerre ou par la paix. Nous, les Israéliens qui sommes nés dans ce problème, avons à le résoudre. Nous en sommes tous convaincus, depuis Moshé Dayan qui représente l'approche guerrière de la question jusqu'à des gens comme moi qui lui sont totalement opposés.

Nous ne nous creusons pas la cervelle pour trouver une réponse à la question juive, réelle ou imaginaire. La tâche principale de notre génération eSt d'intégrer notre nation dans le cadre de notre région. Nous sommes des nationalistes. Aux oreilles occidentales,

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