Il y a quelques années, un discours de Kaddish Luz, orateur très respecté à la Knesset, fit grand bruit. Ayant passé en revue la scène politique il s'étonna que depuis l'établissement de l'État d'Israël, les tendances politiques israéliennes soient au fond restées les mêmes et qu'elles se trouvent entre elles dans le même rapport qu'avant 1948, tandis que la population, elle, triplait. Les nouveaux immigrants semblaient donc s'être fort bien accommodés des mouvements politiques existants.

L'explication de ce phénomène tient au caraétère particulier des partis israéliens. Idéalement, un parti eSt un regroupement de citoyens servant une même cause ou un même intérêt, soutenu financièrement et géré par ses membres, qui élisent aussi ses chefs. Rien de ceci ne peut s'appliquer aux partis sionistes. Leurs Structures de pouvoir ne sont pas contrôlées par leurs membres mais par des leaders de profession et leur financement vient de l'extérieur.

On peut dire, paraphrasant Mirabeau: " Partout l'État a des partis, en Israël les partis ont un État. " En Israël, l'État eSt en quelque sorte un nouveau venu sur la scène politique. Les partis existaient avant sa création et sont en conséquence bien plus puissants que lui. Le plus jeune d'entre eux, le parti révisionniste créé par Jabotinsky contre Weizmann, eSt né après la première guerre mondiale, a été débaptisé en 1948 pour devenir YHéroui (Liberté), s'eSt allié en 1956 avec le parti libéral et s'appelle aujourd'hui Gahal. En quarante-cinq ans d'existence, il n'a pas changé un iota de ses thèses officielles, pas plus que le pourcentage de ses électeurs n'a changé, toujours quinze pour cent.

Il y a quarante ans, les partis sionistes ne pouvaient ressembler à aucun autre au monde, leur tâche principale n'étant pas de recueillir des votes dans une circonscription éleétorale mais de créer cette circonscription. Le prototype de ces partis pouvait être par exemple implanté quelque part en Pologne, occupé à recruter des membres, dans le but de les envoyer en Palestine, à collecter des fonds en Europe et aux États-Unis, pour financer l'émigration, à mettre sur pied tout un appareil économique, tout un dispositif de logement, de sécurité sociale, d'enseignement, etc. La plupart des leaders sionistes vivaient à l'étranger, là où était née leur idéologie, éloignés des réalités palestiniennes et Sans prise aucune sur le

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