Pendant la guerre des Six jours, un journaliste chargé de couvrir la campagne reçut un coup de téléphone de Munich. " Alors, nous avons gagné? " lui demandait son rédaâeur en chef avec anxiété.
Cette petite anecdote révèle chez les Allemands un curieux sentiment d'identification à la cause israélienne. On serait tenté d'abord d'expliquer ce sentiment par le remords que ressentaient certains Allemands et par leur crainte de voir se répéter le grand holocauste des années quarante et disparaître les derniers survivants des camps de la mort hitlériens.
Mais ce n'eSt pas une explication suffisante. Les Allemands qui en 1967 s'identifiaient à notre armée étaient surtout des militaristes qui ne distinguaient pas particulièrement leur haine du nazisme; leur affinité avec notre armée remonte à bien plus loin dans le temps.
En 1956, après la guerre du Sinaï, j'ai revu Hanovre, ma ville natale, que j'avais quittée vingt-quatre ans auparavant. J'étais alors très influencé par les idées de Graf Baudissin qui voulait créer une nouvelle forme d'armée populaire démocratique. Des idées analogues circulaient d'ailleurs dans l'armée israélienne, au moment où elle cessa d'être une force clandestine pour devenir une armée régulière. Ce voyage était donc pour moi l'occasion de visiter l'école d'officiers de Hanovre où ces idées étaient mises en pratique comme je pus le constater.