Pendant le déjeuner, au mess des officiers, un capitaine de la marine, chargé de la formation des jeunes, me demanda s'il y avait beaucoup d'objefteurs de conscience en Israël. Quand il apprit qu'il n'y en avait qu'une douzaine, il parut très agité, se saisit de son calepin et s'exclama: " Il faut que je dise cela à mes cadets. Nous devrions prendre des leçons chez vous... " Les temps ont bien changé, me dis-je, si un officier prussien pense que l'État juif peut donner l'exemple du militarisme à ses compatriotes trop tièdes!
Quelques jours plus tard, un vieux Prussien, ancien officier de la Wehrmacht me dit, dans les coulisses du théâtre Berthold Brecht à Berlin Est: " Vous êtes de vrais Prussiens. " Il me parla avec admiration de nos kibboutzim frontaliers, de nos soldats agriculteurs.
On entend souvent dire en Allemagne: " Dayan eSt un second Rommel. " Ils sont tous deux en bonne place sur la liste des grands chefs militaires de notre temps. Mais plus intéressant et plus riche d'enseignement encore eSt le parallèle entre Israël et Sparte.
Au viiie siècle avant J. C., alors que les prophètes hébreux rêvaient de voir le loup et l'agneau dans les mêmes pâturages, les peuples hellènes étaient aux prises avec des problèmes démographiques qui ne trouvaient leurs solutions que dans les guerres. Alors que certains Grecs partaient coloniser les îles lointaines, les Spartiates, eux, attaquaient les Messeniens, leurs voisins et se partageaient leurs terres. Leur première guerre de conquête dura seize ans et se solda par une viftoire. Mais les Messeniens se révoltèrent et une seconde guerre eut lieu, encore plus cruelle. Après quoi Sparte dut se battre constamment pour conserver ses terres et pour en conquérir d'autres.
Une fois installé dans la paix, l'État déclina. Il fallut se contenter de conserver la terre et non plus de la conquérir. Or dans la société Spartiate qui reposait tout entière sur la guerre, les titres de noblesse, les richesses matérielles ne signifiaient rien. La frugalité, le sacrifice de soi, le courage étaient les seules vertus reconnues. (Ce