sentiment profond que tout devait changer. L'Israélien moyen se disait que tout allait être désormais différent. Les Arabes avaient reçu une leçon. " Ils " allaient maintenant accepter de faire la paix.

Le ledteur étranger pourra s'étonner. Pourquoi " eux " et pas " vous "? C'eSt que l'Israélien moyen eSt tout à fait convaincu que nous avons toujours désiré la paix, que ce sont les Arabes qui par leur obstination perverse ont, au cours de l'hiStoire, contrecarré ce désir à chaque occasion. A dater de maintenant, pensait-on, " ils " allaient changer d'attitude.

S'il y avait eu, à ce moment, d'un côté ou de l'autre, un véritable leader, une personnalité sage et résolue, la paix aurait été possible. Tout s'y prêtait; l'état d'esprit, la situation, le choc énorme ressenti des deux côtés rendaient possibles - et même plausibles -■ des changements profonds. Quelques voix isolées s'élevèrent. Mais aucun leader doué de véritables pouvoirs n'émergea sur la scène politique.

Je crois que l'initiative aurait dû venir d'Israël. C'était au vainqueur de se montrer généreux, de tendre la perche au vaincu et de le guérir de son humiliation en le traitant avec respeéL

Sept jours après le début de la guerre, j'avais adressé à Levi Eshkol une lettre qui le pressait d'accorder immédiatement aux Palestiniens le droit de disposer d'eux-mêmes en leur offrant la liberté et l'indépendance en échange de la paix. Rien de tel ne fut tenté. Les Israéliens se déversèrent en masse dans les territoires occupés pour acheter tout ce qui leur paraissait exotique. Une nouvelle race était née: celle des conquérants-touristes, plus curieux qu'arrogants et qui achètent au beu de piber. Pourtant les contadfs sociaux demeurèrent à peu près inexistants. Ce que pouvaient penser les Arabes du conflit restait toujours un mystère pour ce flot d'Israéliens qui déambulaient dans les vihes arabes, buvaient le café, palpaient les marchandises dans les boutiques. La proximité ne réduisait pas l'étrangeté.

Levi Eshkol représentait, au sein du gouvernement, la tendance générale: Pas de décision! Pas de hâte! Remettons à plus tard! Ne concédons rien! Attendons 1 Nous verrons bien ce qui arrivera puisque nous sommes les possesseurs! Le Statu quo eSt en notre faveur!

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