une intervention soviétique massive qui finirait par faire de l'Égypte un satellite de la Russie. Cependant que les Palestiniens devenaient les héros du monde arabe et sapaient sa position en menaçant son régime.
Nasser ne pouvait renoncer au dogme proclamé de non-négociation. Il subissait les conséquences de Khartoum. Il ne pouvait faire rien d'autre que d'alterner discours guerriers et allusions modérées, c'était le seul moyen de satisfaire tout le monde. On rapporte de lui cette phrase qu'il eut devant des visiteurs étrangers: " Aussi longtemps que nous ne nous assiérons pas à la même table que les Israéliens je n'aurai pas perdu la guerre mais seulement une bataille. " En théorie la seule issue restait donc la solution politique selon la résolution du Conseil de sécurité du 22 novembre 1967 sans passer par des négociations réelles avec les Israéliens.
Mais les Israéliens qui ne tiennent nullement à le tirer d'embarras insistent au contraire pour des négociations directes et espèrent bien que Nasser se trouvera toujours dans l'impossibilité de les accepter et qu'ils pourront ainsi garder la pleine possession de leurs conquêtes.
Les positions en étaient là quand en janvier 1969 l'administration Nixon arriva au pouvoir au moment crucial où les grandes puissances commençaient à être très alarmées.
Aucune de ces puissances n'était en mesure de considérer avec sérénité le Statu quo au Moyen-Orient. Moscou était effrayé de voir s'effondrer l'Égypte nassérienne, sa base principale dans la région. Il ne lui était pas possible de remplir indéfiniment le tonneau percé de l'économie égyptienne. L'ouverture du canal lui était indispensable pour pénétrer dans le golfe Persique et établir des liaisons rapides avec l'Inde, son alliée contre la Chine.
A Washington on n'y voyait pas d'objeétion. On ne tenait pas au renversement de Nasser. On craignait l'anarchie qui s'ensuivrait. Tout bouleversement dans le monde arabe pourrait
amener la disparition de ces rois et de ces sheiks du pétrole dont dépendent des intérêts économiques américains (la Russie soviétique