femme qui n'avait pas froid aux yeux. Célibataire, elle n'avait pas de responsabilités. Mais Sarit,la journaliste, avait une petite fille en Israël, et je pouvais me passer d'elle.

Je les fis venir toutes les deux dans ma chambre.

- Je ne vous oblige pas à venir, ni l'une ni l'autre, leur dis-je. Si vous m'accompagnez, vous serez volontaires.

Anat accepta immédiatement. Sarit, manifestement, était tiraillée. Mais elle réagit en professionnelle et décida de se joindre à nous.

- Toi aussi, tu as peur? me demanda Sarit alors que nous étions dans le taxi, dans l'énorme embouteillage entre les lignes.

- Pas vraiment, mais je suis tendu.

J'ai souvent éprouvé cette sensation en temps de guerre: une absence totale de peur, mais une certaine tension, une exaltation contrôlée, qui ne vous empêche pas de fonctionner, au contraire. Une réaction animale devant le danger.

Il était difficile de rester tranquillement assis. Et la chaleur n'arrangeait rien. « Ahmed » était-il là, près du tertre qui nous barrait la route?

Je sortis du taxi et me dirigeai à pied avec Gerholt vers le poste de contrôle. Je m'arrêtai avant, à l'ombre d'un arbre, et lui demandai d'aller voir les combattants de l'OLP et de s'enquérir si Ahmed était arrivé. Il revint au bout d'un moment. Personne ne connaissait Ahmed. Je regardai ma montre. Il restait encore quelques minutes avant dix heures. Mais, de toute façon, la notion de temps est relative au Moyen-Orient.

Nous retournâmes à nos voitures. J'essayai de parler avec les deux femmes pour alléger la tension. Au bout de dix minutes, je repartis vers le poste de contrôle avec Gerholt. Entre temps, les voitures avaient à peine avancé de vingt mètres.

Gerholt regagna le monticule. Il y eut quelques minu¬

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