Issam Sartawi n'est jamais devenu sioniste, ni fanatique d'Israël. Ce n'était pas un des justes de la légende hébraïque, un de ces Gentils qui viennent à la rescousse des Juifs en période de désastre. C'était un patriote palestinien, qui se battait pour son peuple, et qui avait fini par comprendre que les Palestiniens ne pourraient acquérir leurs droits nationaux fondamentaux que grâce à la paix.

C'est pourquoi nous le respections, et en sommes venus à l'apprécier, et même, à la fin, à l'aimer.

La longue marche d'Issam Sartawi commence à SaintJean-d'Acre, une belle vieille ville de la Méditerranée, l'une des plus anciennes de Palestine. C'est là qu'Issam est né, le 1er janvier 1934. Je ne sais pour quelle raison, la date du 1er janvier a plusieurs fois joué un rôle dans nos relations, comme nous le verrons.

Le nom de Sartawi signifie « l'homme de Sarta ». Sarta est un village arabe près de Ramallah, au nord de Jérusalem, qui a été occupé par l'armée israélienne en 1967, dix-neuf ans après la prise de Saint-Jean-d'Acre. Avant 1967 Sartawi y était allé une ou deux fois, pour retrouver des parents, qui y résident toujours. Mais ses liens avec Sarta sont ténus.

La famille de Sartawi à Saint-Jean-d'Acre n'était pas riche. Son parent le plus fortuné était un oncle qui était spécialiste du coeur à Haïfa, et c'est pour cela que la mère d'Issam décida que son fils deviendrait médecin et cardiologue. A cet égard aussi les Palestiniens se mettent à ressembler aux Juifs. Comme ils n'ont pas grand-chose d'autre, ils voient dans l'éducation un moyen de survivre et de s'élever. « C'est une mère palestinienne qui parle de son fils, le docteur... »

132