cela prendrait du temps. Je ne crois pas que c'était un prétexte.

D'autre part, en dehors de l'intérêt que Carter porte à Camp David, je pourrais signaler, pour ne citer qu'un exemple, que Vance et Brzezinski m'ont tous les deux demandé instamment, toutes ces années, de rencontrer Arafat publiquement parce qu'ainsi ils pourraient plus facilement en faire autant.

Mais de nombreux ^ éléments viennent appuyer votre thèse, et il est difficile cle se faire une opinion claire et définitive à ce sujet. Les Américains craignent plus que tout que la paix totale soit impossible sans le Rakakh, et à cause de leur obsession antisoviétique, surtout sous le gouvernement de Begin, ils préfèrent voir la situation actuelle continuer plutôt que d'accepter un accord qui demanderait obligatoirement une participation russo-américaine et des garanties mutuelles. Vous vous souvenez que Vance et Gromyko ont décidé ensemble en 1977 de convoquer une Conférence de Genève avec Israël et l'OLP, et que c'est Dayan qui a persuadé les Juifs américains d'exercer des pressions sur Carter, afin qu'il dénonce cet accord. J'ai appris par des contacts personnels que les Soviétiques étaient furieux.

Je voulais vous faire ces remarques personnellement. Elles ne sont pas destinées à être publiées, même si souvent je déclare publiquement que l'Amérique est plus à blâmer qu'Israël si la paix est absente au Moyen-Orient. C'est ce que je pense depuis dix ans.

En résumé, je dirais, sans en être tout à fait sûr, que la politique américaine actuelle, qui dénote un manque total de compréhension, qui est tout à fait improductive, et qui de plus coûtera cher à Israël un de ces jours, s'explique par un mélange d'incompétence diplomatique, la peur qu'ont les Américains de voir les Russes participer à la paix, et la crainte, à Washington, du lobby pro-israélien, qui comprend non seulement des Juifs mais aussi des personnages comme le sénateur Henry Jackson.

La seule conséquence immédiate de l'intervention du roi Hassan fut une rencontre qu'il organisa entre un proche collaborateur du président Giscard d'Estaing et moi-même. Issam m'avait prévenu, et le jour dit je me présentai aux portes de l'Elysée. On m'introduisit dans

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