En fin de journée, prenant le chemin le plus court vers le sud, nous gagnâmes le poste frontière officiel de Rosh Hanikra, où nous fûmes arrêtés, interrogés, et dûment accusés d'avoir franchi illégalement la frontière d'Israël pour nous rendre en territoire ennemi. Cette accusation finit par être abandonnée quand des charges beaucoup plus graves furent lancées contre nous.
C'est donc l'esprit plein d'images récentes que je revis Issam, moins d'une semaine plus tard. Il était furieux. S'il y avait la guerre, pensait-il, c'était à cause des partisans du Front du Refus, et de l'attitude indécise des dirigeants de l'OLP. S'ils avaient suivi sa politique, le conflit aurait pu être évité.
Le bureau d'Issam à Paris était devenu un point de ralliement vital pour l'OLP. Par un curieux hasard, le central téléphonique de Beyrouth se trouvait à BeyrouthOuest, contrairement à la plupart des autres services. L'armée israélienne pouvait couper l'eau et l'électricité de la ville assiégée, mais non les communications téléphoniques, ni les télex. Issam était devenu le principal lien entre Arafat et le monde extérieur. Les deux téléphones de son bureau sonnaient sans arrêt. Les appels venaient de Beyrouth et du monde entier. Il était étrange de voir Issam parler avec des dirigeants de l'OLP dans la ville assiégée, alors que mes amis et ma famille faisaient partie des assiégeants, tiraient des obus ou des rafales de mitrailleuse. Parmi ceux-ci, Rann Cohen, un membre de la direction du Sheli, commandait une unité d'artillerie à Beyrouth. Son rôle dans la guerre fut déterminant dans la future scission du parti Sheli.
Pour la première fois, Issam me raconta en détail tout ce qu'il avait fait pour provoquer un rapprochement entre l'OLP et les États-Unis. Il était tout à fait certain que le secrétaire d'État américain Alexander Haig l'avait doublé. Sachant que Sartawi allait faire une déclaration historique au nom de l'OLP pour accepter les conditions américaines, comme convenu avec les Tunisiens, il avait dit à Sharon d'attaquer quelques jours plus tôt. Issam prononcerait sa déclaration à Paris, mais son effet, bien sûr, serait masqué