Sarid flétrirait dans ses articles ceux qui auraient le malheur d'accepter.

L'argument décisif, pour nous, fut d'ordre pratique. Après l'assassinat de Sartawi, nos liens avec l'OLP s'étaient amenuisés. J'avais rencontré plusieurs fois Nimer Hammad, le représentant de Rome, mais il n'y avait pas de contact régulier, et personne n'avait été chargé par l'OLP de reprendre la place vacante. Même s'il était tristement évident que nul ne pouvait combler le vide laissé par un être aussi exceptionnel que Sartawi, il était urgent d'établir une liaison régulière pour continuer le dialogue. Nous espérions qu'à Genève, dans les salles et dans les couloirs de la conférence, le contact régulier pourrait être rétabli.

C'est avec cet espoir, mais non sans appréhension, que nous nous envolâmes pour Genève.

L'OLP était représenté à la conférence par deux de ses dignitaires de haut rang: Farouk Kaddoumi, chef du département politique, assumant les fonctions de chef de délégation, et Yasser Abed Rabbo, membre du comité exécutif de l'OLP, représentant le Front démocratique de Nayef Hawatmeh. Pour nous, c'était le pire choix possible. Kaddoumi était notre vieil ennemi, un homme qui s'était voué à anéantir les initiatives de Sartawi, et qui espérait encore la réconciliation d'Arafat et des Syriens. Rabbo représentait une organisation étroitement alignée sur la Syrie et l'Union soviétique, opposée à notre dialogue pour des raisons opportunistes.

Mais ce choix était caractéristique de l'OLP. C'était un compromis, pesé sur une balance d'apothicaire, entre les différentes tendances. L'OLP avait discrètement exprimé son accord pour la participation des délégués pacifistes israéliens, et approuvé spécifiquement les personnalités choisies, y compris les sionistes. En même temps, elle déléguait deux fonctionnaires hostiles à un dialogue avec des Israéliens sionistes. Cependant, en envoyant des pro-

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