Quelques jours avant de se rendre en Jordanie pour signer cet accord, Arafat avait reçu à Tunis une délégation de la Liste progressiste pour la paix, composée de Mohamed Miari, du prêtre anglican arabe Riah Abou Al Assal, et de l'avocat arabe Kamal Daher, un descendant du légendaire roi de Galilée du XVIIIe siècle, Daher Omar. Les trois mousquetaires - Arnon, Peled et moi - constituaient la deuxième moitié de la délégation.
Arafat nous écouta attentivement, tout en buvant du thé au miel. Nous lui parlâmes de notre liste, de ses buts et de nos efforts. Sa première réaction fut de nous dire:
- C'est capital que des Juifs et des Arabes se battent ensemble. C'est excellent!
Arafat n'attendait pas grand-chose de Shimon Pérès et du nouveau gouvernement - scepticisme qui allait malheureusement s'avérer bien fondé. Il ne croyait pas que les États-Unis se départiraient de leur attitude négative, sauf si un jour ils trouvaient cela opportun, au cours de négociations avec les Russes. Peut-être cela finirait-il par arriver, mais il ne pensait pas que c'était pour bientôt.
Une idée nous tenait particulièrement à cœur. Pendant la guerre du Liban, plusieurs soldats israéliens avaient disparu. On n'avait pas retrouvé leurs corps, ni été informé de leur capture. Les familles étaient évidemment dans un terrible état d'incertitude, espérant contre tout espoir apprendre que leurs fils avaient été faits prisonniers. Nous demandâmes à Arafat de nous renseigner sur leur sort. Ce serait un geste humanitaire aussi bien que politique. Il accepta sans la moindre hésitation, ajoutant qu'il lui faudrait quelques jours pour rassembler les informations nécessaires.
Le soir, je lus à Arafat l'ébauche d'un communiqué que nous avions préparé. Il l'accepta, avec des changements mineurs. Toutefois, il s'opposa à ce que ce soit un communiqué commun. Ce serait une déclaration unilatérale que nous pourrions lire à notre retour en Israël.
Cette rencontre à Tunis eut une conséquence extrêmement regrettable. Tous les Israéliens s'attendirent à ce que