Bernard Ravenel et Sylviane de Wangen
"En fait il n'y a jamais eu un camp de la paix unifié en Israël (...). Le clivage se situe entre l'aile sentimentale et l'aile politique. A la première appartiennent les gens qui regardent principalement d l'intérieur. Ce qui est réellement important pour eux est la position morale (...). Pour eux les Palestiniens servent plus d'objet de mise en valeur de leur image morale que de partenaires égaux avec leur propre personnalité. C'est pourquoi il leur a fallu si longtemps pour reconnaître l'OLP, accepter l'idée de l'Etat palestinien, être d'accord pour que jérusalem-est devienne la capitale de la Palestine (...).
L'autre aile du camp de la paix, l'aile politique, d laquelle j'appartiens, comprend que, si on veut faire la paix avec la nation palestinienne, on doit comprendre ses aspirations, ses sentiments, ses craintes et ses espoirs (comme ils doivent comprendre les nôtres). Seule une telle compréhension peut créer la base pour la coexistence dans ce pays et dans cette région (...). Ce n'est pas une question d'amour mais de réconciliation historique sans laquelle la paix ne peut pas venir.
Une autre différence entre les forces de paix concerne leur orientation en politique intérieure. Les adhérents du premier camp ont un attachement profond - même héréditaire - au parti travailliste (...). L'autre camp n'a aucun problème de ce genre. Nous avons protesté quand Rabin a déporté les militants islamiques en 1992 et nous avons soutenu Rabin quand il a signé les accords d'Oslo un an plus tard. Nous avons voté pour Barak, mais nous luttons contre lui quand il devient le fossoyeur de la paix"1.
1. "Des arbres dans un ouragan", 28 octobre 2000. Chronique d'Uri Avnery non reproduite dans cet ouvrage mais disponible sur le site de GushShalom: www.gush-shalom.org