contraire, sur leur sécurité. Et à ce propos, Uri Avnery cite une "■phrase mémorable" prononcée par Rabin devant lui en 1969: "Seule une frontière ouverte est une frontière sûre"3, une phrase qui, aujourd'hui, en pleine construction d'un "impossible mur" met en lumière la terrible régression politico-morale de la société israélienne en matière de sécurité.
A ce concept global de sécurité commune s'ajoute logiquement la référence constante au droit, incluant la reconnaissance du droit au retour des Palestiniens. L'intégration d'une forte dimension juridique dans cette culture de la paix apparaît d'autant plus indispensable que la société israélienne a du mal à reconnaître et à accepter la nécessité de normes générales - d'un droit international - valables pour tous, pour les Palestiniens comme pour les Israéliens, pour le fonctionnement pacifique du monde et du Moyen-Orient en particulier. Le problème pour les Israéliens n'est d'ailleurs pas seulement celui de la reconnaissance de la légitimité des droits des autres, il est aussi celui de leur prétendue inconciliabilité avec les leurs. L'enracinement d'une culture du droit comme valeur universelle dans le corps social israélien revêt donc une importance cruciale pour l'avenir de la paix dans la région. Cette insistance sur le droit amène Gush Shalom à valoriser le rôle que peut jouer la Cour pénale internationale pour les crimes qu'auront commis les soldats israéliens et leurs chefs dans les territoires occupés4.
Cette double dimension fondamentale de cette culture de la paix amène logiquement à une critique radicale du concept de "sécurité militaire", c'est-à-dire du principe selon lequel la solution des conflits est principalement liée à la force militaire. Ceci conduit par exemple Uri Avnery à démontrer comment la réponse au terrorisme, si elle doit être juridico-policière à court terme est "essentiellement politique et idéologique"5. "Le terrorisme étant toujours un instrument politique, la meilleure façon de le combattre est toujours politique. Résolvez le problème qui engendre le terrorisme et vous vous débarrasserez du terrorisme. Résolvez le
3. "Barak n 'est pas Rabin", 4 novembre 2000, cf. pp. 28-32.
4. "Si j'étais Mofaz", 29 décembre 2001 (chronique d'Uri Avnery non reproduite dans cet ouvrage).
5. "Silence! on tire", 13 octobre 2001, cf. pp. 158-161.