8 Les Cahiers de Confluences
problème israélo-palestinien - et les autres abcès de fixation du MoyenOrient - et vous vous débarrasserez d'Al- Qaïda. Il dépérira comme une fleur privée d'eau. Personne n'a jamais imaginé une autre méthode"6.
Uri Avnery ne s'arrête pas là. Il critique soit les Etats-Unis, soit Israël - ou les deux ensemble - dans leur survalorisation et dans leur manipulation des menaces ou pseudo-menaces et même dans leur invention d'"ennemis", l'Islam ou le "terrorisme international", l'un étant assimilé à l'autre.
Mais la culture de la paix n'est pas seulement critique politique abstraite. Elle est aussi une critique pratique avec le refus de la guerre par la désobéissance civile. Initiée en 1982 pendant la guerre du Liban avec le mouvement Yesh Gvul ("Il y a une limite"), elle se prolonge actuellement avec celui des refuzniks très soutenu par Gush Shalom.
Enfin trois autres dimensions composent cette culture de la paix omniprésente dans cette chronique.
D'abord c'est la remise en cause des mythes nationalistes constitutifs de l'historiographie sioniste allant jusqu'à dire que "les colonies font partie du code génétique du mouvement sioniste depuis le jour où il est né il y a 104 ans".
C'est ensuite la reconnaissance culturelle, idéologique de l'Autre, c'est-à-dire du Palestinien, en particulier à travers la façon de parler de Yasser Arafat comme expression du mouvement national palestinien. Cet aspect prend toute son importance si on se souvient que la sous-évaluation de l'altérité a toujours été une grande caractéristique morale, psychologique et politique de l'establishment sioniste conditionné par une vision eurocentrique et téléologique de l'histoire.
Enfin c'est l'intégration de l'apport féministe dans la critique du système politico-militaire israélien présenté comme "machiste" - Uri Avnery rappelle malicieusement que Golda Meir se considérait comme "le seul homme" de son gouvernement...
6. "Toutes sortes de terroristes", 3 novembre 2001, cf. pp. 167-170.
7. "Le joueur", 1er décembre 2001 (chronique d'Uri Avnery non reproduite dans cet ouvrage).