ont pris le contrôle de notre Etat et nous conduisent encore plus profondément dans le cul-de-sac d'un conflit sans solution.
Pourtant je suis un optimiste incorrigible. Je suis né ainsi, descendant d'une longue lignée d'optimistes. Mais une longue expérience a renforcé cette tendance génétique.
Presque à la fin de la guerre de 1948, quand j'étais encore sous l'uniforme, j'affirmais qu'il existait un peuple palestinien, et que nous n'aurions jamais la paix sans faire la paix avec lui. A l'époque, cela semblait ridicule. Même le nom de Palestine a disparu de la carte, plus de la moitié des habitants arabes de l'ancienne Palestine ont été dispersés dans de nombreux pays. Plus de 20 ans après, Golda Meir déclarera: "Il n'existe rien que l'on puisse appeler peuple palestinien". Aujourd'hui aucune personne sensée en Israël et bien sûr dans le monde entier ne répéterait cette phrase idiote.
Au début des années 70, j'ai affirmé que l'OLP était notre partenaire naturel pour un accord. Ceci était presque considéré comme une trahison. D'ailleurs, quand, premier Israélien à le faire, j'ai rencontré Yasser Arafat dans Beyrouth assiégé, plusieurs ministres ont demandé que je sois traduit en justice pour trahison. Mais à peine 11 ans plus tard, le gouvernement d'Israël a signé l'accord d'Oslo avec l'OLP.
C'est la même chose pour beaucoup d'autres idées: l'établissement de l'Etat de Palestine, l'idée de faire de Jérusalem la capitale des deux Etats, l'évacuation des colonies. Ces questions étaient taboues quand mes amis et moi les avons formulées et maintenant elles sont acceptées par la majorité des Israéüens, si on en croit les sondages d'opinion.
On dit que la nuit est plus sombre juste avant l'arrivée de l'aube. Que ce soit vrai ou non, il faut y croire pour rester optimiste à l'heure qu'il est.