30 décembre 2000

Une photo d'Arafat

Le général Montgomery avait sur son bureau une photo de son adversaire, le général allemand Erwin Rommel. Quand on lui demandait pourquoi, il expliquait qu'à chaque étape de la campagne il regarderait la photo et se demanderait: Que penset-il? Que ressent-il? Que va-t-il faire?

Il est difficile d'imaginer Ehoud Barak mettant une photo de Yasser Arafat sur son bureau. Quel en serait le but? Pourquoi ce que pense Arafat serait-il si important? Lui, Barak, lui dira ce qu'il doit faire.

Montgomery a battu Rommel et l'a chassé d'Afrique du Nord. Barak, semble-t-il, sera évincé par Arafat du poste de Premier ministre.

Cette semaine, à nouveau, tout Israël était occupé à deviner ce qu'Arafat allait faire: Dire oui à Clinton? Dire non, peutêtre? Sauver Barak? Amener au contraire Sharon à prendre sa place? Même les commentateurs qui se disent les plus qualifiés tâtonnaient comme des aveugles dans une forêt.

L'attitude israélienne envers Arafat mérite une étude psychologique, peut-être même psychiatrique. On dirait que toutes les craintes et toutes les haines accumulées de notre côté au cours du conflit vieux de 120 ans entre les deux peuples se trouvent concentrées sur cette seule personne.

On pourrait dire que la seule chose qui unit la droite et la gauche en Israël est la haine contre Arafat. Elles ne diffèrent que dans l'explication. La droite hait Arafat parce qu'il est un "meurtrier", un "terroriste" dont "le seul désir est de tuer des juifs". La gauche le hait parce qu'il est un "dictateur" qui "viole les droits de l'Homme". Il serait difficile de trouver un seul article écrit par un Israélien "de gauche" traitant des Palestiniens sans y trouver une référence au "régime corrompu d'Arafat", ce qui est devenu une phrase obligatoire qui fait penser à un chrétien se flagellant.

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