perception de l'Etat, de son caractère et de ses intérêts. C'est une démarche patriotique israélienne. De l'autre côté, la guerre éternelle avec les Arabes, que provoquent la purification ethnique, l'expansion et les implantations, est une attitude patriotique juive.
Au cours des dernières années, il semblait que l'Etat israélien se renforçait alors que l'Etat juif était en retrait. Israël reconnaissait le peuple palestinien et sa direction nationale. Il commençait à établir des relations avec le monde arabe. Il devenait une puissance en haute technologie (high-tech). L'Internet donnait aux jeunes des idées venant du monde entier. Le citoyen arabe devenait une partie du système politique. Des vagues d'une nouvelle immigration avaient enrichi et approfondi la vie culturelle et scientifique. On pouvait penser que c'était un courant politique social irréversible, rassembleur de forces. Mais c'était une impression optimiste et complaisante. Pendant tout ce temps, une réaction se développait rapidement, à cause du manque de clarté dans la définition de l'Etat dès le tout début.
Maintenant la contre-révolution est arrivée, et c'est une contre-révolution massive. Ce n'est pas un hasard si le symbole en est Ariel Sharon, une personne née dans la nouvelle vie hébraïque mais conditionnée par les perceptions d'un Etat juif. L'"unité nationale" qui s'est faite sous ses auspices n'est pas seulement, contrairement aux apparences, une alliance cynique d'opportunistes assoiffés de pouvoir, mais un vrai rassemblement de toutes les forces contre-révolutionnaires. De ce point de vue, les différences entre Pérès et Sharon, Rehavam Ze'evi et Dalia Rabin-Pilosof sont minimes. En pratique, ils appartiennent tous au même parti, de même que la plupart des factions qui sont restées dans l'opposition par accident.
Limor Livnat n'est peut-être pas une lumière, mais en introduisant "les valeurs judéo-sionistes" dans le système scolaire elle exprime la contre-révolution, de même que Fouad Ben Eliezer, qui n'est pas une lumière non plus, en introduisant toujours plus de brutalité dans le comportement de l'armée. L'armée ellemême, dont l'"officier responsable de l'éducation" a déclaré que les non-juifs sont des soldats inférieurs, a évolué d'une force