y en a tout le temps. Le porte-parole de l'armée, un homme doué d'une imagination très développée, arriva à de nouveaux sommets de fantaisie: il annonça que les gardes du corps palestiniens avaient ouvert le feu sur les soldats, ce qui signifie que les gardes du corps auraient tiré sur les soldats israéliens dans une surface bien éclairée surmontée par des tours de contrôle israéliennes, mettant en danger la vie de leurs commandants. Même un imbécile ne croirait pas cela.
En réalité, il y a seulement trois explications possibles, chacune pire que les autres.
Possibilité A: les soldats ouvrirent le feu juste pour s'amuser, sachant très bien (car ils devaient bien le savoir) que c'était un convoi du commandement palestinien. Si c'était le cas, cela signifierait que, dans l'armée, il règne une suprême anarchie et qu'elle a cessé d'exister en tant que force militaire disciplinée.
Possibilité B: Un commandant local, quelque chose entre le lieutenant-colonel et le commandant général, créa délibérément l'incident, sachant que celui-ci tournerait en une affaire internationale grave. Si cette hypothèse était la bonne, cela signifierait que l'extrême droite et les colons ont déjà réussi à infiltrer les plus hauts rangs de l'armée et ont causé une provocation délibérée. Ce danger pourrait être plus sérieux même qu'un second Yigal Amir.
Possibilité C: L'initiative viendrait du plus haut niveau: Le chef d'état-major Shaul Mofaz. C'est ce que pense Arafat. Si c'est le cas, nous devrions tous être terrorisés, parce que cela signifierait que le commandant en chef dirige maintenant les affaires de l'Etat et qu'il méprise Sharon, comme, il faut bien le reconnaître, il a méprisé Barak.
Jamais dans les annales de l'IDF l'armée n'a été commandée par un homme plus politique que Mofaz. Dans l'avalanche d'interviews qu'il a données ces derniers jours, il a dit que "l'Etat est une armée" et pas l'inverse (une allusion à la fameuse citation d'Honoré de Mirabeau, un dirigeant de la Révolution française, "la Prusse n'est pas un Etat qui a une armée, mais une