ou marchant à la tête d'une manifestation en direction de soldats armés, le fusil prêt à faire feu.
Mais, il y a quelques années, cette personne a rejoint une manifestation de Gush Shalom près du mur de la Vieille Ville de Jérusalem. Nous étions là pour manifester pour "Jérusalem capitale de deux Etats". Dans son style personnel, un mélange de logique et d'émotion, il déclara: "Je rêve d'un jour où, un Palestinien parlant de "notre Jérusalem" voudra dire Palestiniens et Israéliens et où un Israélien parlant de "notre Jérusalem" voudra dire Israéliens et Palestiniens".
Sous l'influence de cet émouvant discours, j'ai rédigé le manifeste Notre Jérusalem, mettant en œuvre cette belle idée. Après que 850 personnalités marquantes, intellectuels et militants de la paix israéliens, eurent signé, Fayçal le signa au cours d'une cérémonie publique face aux caméras (Yasser Arafat, aussi, a donné son accord sur le texte lors d'un rassemblement public avec nous).
Quand l'Intifada Al-Aksa s'est déclenchée et que de nombreux Palestiniens ont coupé les contacts établis avec des Israéliens, Fayçal n'a pas reculé d'un pas. Nous l'avons souvent rencontré à la Maison de l'Orient et nous y avons tenu un grand rassemblement public. Une semaine avant sa mort, il est soudain apparu, sans avoir été annoncé préalablement, à une conférence de presse israélo-palestinienne pour la presse internationale, dans laquelle nous avons exprimé notre foi inébranlable dans la paix entre les deux peuples.
Cet esprit prévalait aussi à ses funérailles hier. Les quelques Israéliens venus présenter leurs condoléances ont été reçus les bras ouverts dans la cour où des milliers de personnes se pressaient et une centaine d'entre eux sont venus leur serrer la main. Un des Israéliens présents a été invité à parler.
Dans mon cœur, je considérais Fayçal comme un frère. Pour moi, la ligne de partage ne passe pas entre Israéliens et Palestiniens mais entre les partisans de la paix d'un côté et les marchands de guerre des deux peuples de l'autre.
Moins de six heures après l'union du peuple palestinien autour du cercueil de Fayçal, le camp de la guerre a riposté.