main-d'œuvre à bon marché et un marché captif. Peu importe si on les appelle "Etat palestinien".

Au maximum: Exploiter une situation de guerre ou une crise mondiale pour expulser du pays tous les Palestiniens (y compris ceux qui sont citoyens israéliens). Sharon est tout à fait capable de provoquer une guerre pour créer une telle occasion. Il n'a que du mépris pour les gens qui l'entourent, qui sont incapables de penser à cette échelle historique.

Sous la direction de Sharon, cette grande masse est confrontée à la masse opposée: les Palestiniens. Ceux-ci ne peuvent se mesurer à la force attaquante dans aucun domaine sauf un: la capacité d'encaisser les coups. La stratégie nationale palestinienne se résume en un mot: Summud, ténacité. Après la terrible leçon de 1948, les Palestiniens savent que c'est un combat pour la vie: la vie du peuple palestinien et la vie de chaque Palestinien et de chaque Palestinienne. Ceci génère une force de résistance qui étonne les généraux de Sharon, de la même façon que la résistance russe étonnait les maréchaux de Napoléon.

Yasser Arafat symbolise cette faculté plus que quiconque. Même ces Palestiniens qui ont l'habitude de critiquer ce style de direction (surtout les membres de l'intelligentsia éduqués à l'occidentale) savent qu'il n'y a personne d'autre que lui dans une crise existentielle. L'homme assis à Ramallah face aux tanks est la personnification de la détermination des Palestiniens à défendre leur existence nationale dans leur patrie, quel que soit le prix.

Le Napoléon israélien ne comprend pas les Palestiniens, pas plus que le vrai Napoléon ne comprenait les Russes. Lui et ses partisans croient qu'Arafat est un personnage isolé, bloqué, "hors jeu". Ils ne peuvent comprendre que, précisément dans une telle situation, Arafat est plus fort et plus influent que jamais.

Quant au vrai Napoléon, il a gagné la bataille de Borodino et est entré à Moscou en glorieux vainqueur. Mais quelques semaines plus tard, le même Koutousov l'a définitivement vaincu. Napoléon a dû rentrer chez lui, laissant derrière lui les restes d'une armée battue, mourant de faim et de froid24.

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