16 mars 2002
J'en suis désolé mais j'ai des excuses à présenter: à moimême et à tout le monde.
Voilà ce qui s'est passé. Peu de temps après la destruction des Tours jumelles, j'ai écrit: un changement fondamental dans l'attitude américaine vis-à-vis du conflit israélo-palestinien va se produire. Les Etats-Unis vont imposer un règlement qui satisfera également les demandes palestiniennes.
Cette appréciation n'était fondée sur aucune indiscrétion mais sur la logique. La violence responsable de l'effondrement des Tours venait du monde arabe. Elle a jailli de la colère et de la haine accumulées dans les masses arabes. L'oppression du peuple palestinien par le gouvernement israélien est la principale (sinon la seule) cause de ces sentiments. Pour combattre le terrorisme, les Etats-Unis devaient supprimer cette cause. C'est tellement dans l'intérêt américain que même le pouvoir des lobbys juif et chrétien fondamentaliste ne pourra l'ignorer.
J'étais totalement convaincu de cette logique. Donc, j'ai écrit des articles dont certains ont été publiés dans de nombreux pays. Je l'ai répété dans des dizaines de conférences aux EtatsUnis et à une conférence de presse au Capitole.
Et il semblait que j'avais raison. Le président Bush a commencé d'emblée à parler de la "vision" de l'Etat palestinien. Colin Powell a fait un discours indiquant que les Etats-Unis étaient prêts à répondre à de nombreuses demandes palestiniennes.
Mais ensuite tout s'est arrêté. Les Etats-Unis sont partis à la guerre en Afghanistan et ont remporté une victoire étonnante, détruisant le régime des talibans presque sans pertes, rien qu'avec de l'argent et des bombes. Il semblait qu'ils n'avaient plus besoin de l'aide de personne, certainement pas des Arabes.