terrible. Quand des tanks écrasent des voitures, détruisent des maisons, arrachent des poteaux électriques, crèvent des conduites d'eau, laissent derrière eux des milliers de gens sans abri et obligent des enfants à boire l'eau des flaques de la rue, cela provoque une haine terrible.
Un enfant palestinien qui voit tout cela de ses propres yeux devient le kamikaze de demain. Ainsi ce sont Sharon et Mofaz qui créent l'infrastructure terroriste.
Par là même, ils ont créé les fondations de la nation palestinienne et de l'Etat palestinien. Les gens ont vu leurs combattants à Jénine et croient qu'ils sont de bien plus grands héros que les soldats israéliens, protégés comme ils le sont à l'intérieur de leurs énormes tanks. Ils ont vu leur dirigeant dans une séquence historique à la TV, son visage éclairé par une simple bougie dans son bureau sombre et encerclé, prêt à mourir à tout moment, et ils le comparent aux ministres israéliens hédonistes, assis dans leurs bureaux, loin des combats, entourés par des hordes de gardes du corps. Ainsi naît l'orgueil national.
Rien de bon pour Israël ne sortira de cette aventure, comme rien de bon n'est sorti des aventures précédentes de Sharon. Le concept de l'opération était stupide, son application cruelle: les résultats en seront désastreux. Cela n'apportera ni paix ni sécurité, ne résoudra aucun problème, mais isolera Israël et mettra en danger les juifs du monde entier.
En fin de compte, on ne se souviendra que d'une seule chose: notre machine militaire géante a attaqué le petit peuple palestinien, et le petit peuple palestinien et son dirigeant ont tenu bon. Aux yeux des Palestiniens, et pas seulement à leurs yeux, cela apparaîtra comme une victoire éclatante, la victoire d'un David moderne contre Goliath.