Tous voulaient savoir ce que pensent les Israéliens et avant tout pourquoi Israël ne veut pas la paix. Ces terribles "hommes armés" (comme on les appelle dans les articles de presse israéliens), avec leurs différentes kalashnikovs, certains en vêtements civils ("tous nos uniformes ont été brûlés -par vos missiles") parlaient avec nostalgie de la paix. Après quelques heures de conversation, Oren a résumé: "Nous pourrions signer un traité de paix dans les cincj minutes".
Il y avait quelque chose de surréaliste dans la situation: tous parlaient du Ra'is avec une admiration sans bornes. Comme nous, ils s'attendaient à être attaqués à tout moment par les tanks israéliens, mais ils avaient une conversation amicale avec les Israéliens qui étaient venus vers eux.
Quand nous nous sommes enfin étendus sur nos matelas, côte à côte avec quelques "internationaux" de plusieurs pays qui étaient également venus pour servir de "boucliers humains", on m'a demandé une interview par téléphone en direct pour la télévision Al-Jazira qui a diffusé la nouvelle de notre présence dans des millions de foyers dans l'ensemble du monde arabe: encore un petit pont pour la paix.
Le matin, après une toilette sommaire (il y avait une longue file devant la salle de bain), nous avons fait le tour du complexe, guidés par la courageuse Neta Golan qui avait été présente pendant toute la durée du siège. Un odeur d'urine et d'excréments remplissait toutes les chambres qui avaient été occupées par notre armée. Quelqu'un avait peint Mezuzot (l'étoile de David) sur toutes les portes. Dans une chambre, il y avait une haute pile d'ordinateurs brisés. Partout les meubles étaient détruits. Sur tous les murs, des graffitis: l'hymne national israélien (avec des fautes grossières), le nom Israël en arabe (mal orthographié), un slogan en anglais: "Isreal (sic) régne". Dans les murs, les trous béants, qui sont devenus la marque de fabrique des FID, en dépit du fait que toutes les portes avaient été ouvertes. Dehors, des tas de voitures écrasées. Sur le côté, la Chevrolet blindée noire, que le président Clinton avait donnée en présent à Arafat, aplatie, avec des marques de tanks clairement visibles