(C'est le titre original en hébreu. Dans l'édition anglaise de Ha'aretz, c'était un ton légèrement en dessous).
Quand il a appris la nouvelle, m'a-t-on dit, le Premier ministre a ordonné à son obéissant serviteur, le Procureur général, d'engager des poursuites criminelles contre nous. Le ministre de la Justice, Meir Shitreet, un politicien de troisième rang, a déclaré que nous étions une "cinquième colonne". Le ministre de la Communication, Rubi Rivlin, considéré par beaucoup comme un clown, a affirmé solennellement que "c'est une trahison!"
Un grand nombre de politiciens et de commentateurs ont commencé une campagne de lynchage. Des expressions comme "traîtres", "indicateurs", "kapos" (la police juive des camps de concentrations nazis), "judenrat" (les comités juifs désignés par les nazis dans les ghettos) ont été répandues.
Il y avait, évidemment, une bonne raison à tout ce vacarme.
Au début de l'année, le mouvement de la paix Gush Shalom, comme de nombreuses personnes en Israël et à l'étranger, a décidé qu'on ne pouvait plus continuer de se taire sur le fait que, au cours des opérations des FID dans les territoires occupés, des actes atroces, violant à la fois le droit israélien et le droit international, étaient commis. Certains apparaissaient comme des crimes de guerre. Nous, à Gush Shalom, avons décidé qu'il était de notre devoir, en tant que citoyens israéliens qui portons la responsabilité des actes de notre gouvernement et de notre armée, d'élever notre voix et de lancer un avertissement pressant.
Le 9 janvier, nous avons organisé un colloque sur les crimes de guerre dans une grande salle à Tel-Aviv. Plusieurs professeurs de droit international et deux officiers supérieurs (retraités) étaient à la tribune. Un des orateurs était un héros de guerre, le colonel d'aviation Yigal Shohat, dont l'avion avait été descendu au-dessus de l'Egypte et qui avait perdu une jambe. D'une voix tremblante d'émotion, il a appelé ses camarades, les pilotes de combat, à refuser d'obéir aux ordres illégaux, comme le bombardement de quartiers civils.