6. Du côté israélien, les négociateurs et les décisionnaires ont agi en négligeant totalement la version palestinienne de l'Histoire. Même lorsqu'ils étaient animés de la meilleure volonté d'aboutir à une solution, leurs efforts étaient condamnés à l'échec par leur incapacité à comprendre les aspirations nationales, les traumatismes, les peurs et les espoirs des Palestiniens. Sans parler de symétrie entre les deux côtés, l'attitude des Palestiniens fut comparable.
7. La résolution d'un conflit si ancien n'est possible que si chacune des parties se montre capable de comprendre l'univers spirituel et national de l'autre, et qu'elle se montre prête à traiter l'autre sur un pied d'égalité. Une attitude insensible, condescendante et dominatrice exclut toute possibilité de règlement négocié.
8. Le gouvernement Barak, qui avait suscité tant d'espoir, a montré toutes ces attitudes, de là l'énorme écart entre ses promesses initiales et ses résultats désastreux.
9. Une partie importante de l'ancien camp de la paix (appelé aussi la "gauche sioniste" ou "camp éclairé") a présenté les mêmes symptômes et s'est donc effondrée en même temps que le gouvernement qu'elle soutenait.
10. En conséquence, le premier objectif d'un nouveau camp de la paix israélien est de se débarrasser de ses mythes fallacieux et d'une vision univoque du conflit. Cela ne signifie pas que la version israélienne de l'Histoire doit être automatiquement rejetée, ni la version palestinienne acceptée de façon inconditionnelle. Mais cela exige de l'ouverture d'esprit et une capacité à comprendre la position de l'autre dans le conflit, de façon à rapprocher les deux versions nationales de l'Histoire.
11. Toute autre façon de faire conduira à une perpétuation sans fin du conflit, avec des périodes d'apparente tranquillité et d'apaisement, fréquemment entrecoupées d'actions violentes et hostiles entre les deux nations, ainsi qu'entre Israël et le monde arabe. Compte tenu du rythme selon lequel se développent les